Société Archéologique  du Midi de la France
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SÉANCE DU 3 DÉCEMBRE 2019

Séance privée
separateur

 

Présents : Mme Nadal, Présidente, MM. Ahlsell de Toulza, Trésorier, Cabau, Secrétaire général, Mme Napoléone, Secrétaire-adjointe, M. Péligry, Bibliothécaire-archiviste ; Mmes Andrieu, Bessis, Fournié, Haruna-Czaplicki, Jaoul, Pradalier-Schlumberger, Watin-Grandchamp, MM. Balty, Cazes, Garrigou Grandchamp, Peyrusse, Scellès, Surmonne, Testard, Tollon, membres titulaires ; Mmes Balty, Jiménez, Viers, MM. Pousthomis, Suzzoni, membres correspondants.
Excusés : Mmes Cazes, Joy, Sénard et Vallée-Roche, MM. Garland et Sournia.

Notre Présidente a le plaisir de nous annoncer que notre confrère Guy Ahlsell de Toulza a été nommé, il y a quelques jours, chevalier des Arts et Lettres. Notre Trésorier avoue qu’il ne s’attendait pas à un tel honneur.
Émilie Nadal nous informe d’un changement dans le calendrier de nos séances. La communication de Laure Krispin fixée le 4 février 2020 est annulée ; nous n’assisterons donc ce jour-là qu’à celle de Valérie Dumoulin. La Présidente propose de profiter de ce temps libéré pour débattre sur le thème de la Fondation du patrimoine, sujet qui nous préoccupe depuis la séance foraine à Saint-Antonin l’été dernier.
Puis la Présidente donne lecture de deux invitations adressées aux membres de la Société : la première nous convie à assister à la conférence de Nicole Beiou et Bernard Hodel, spécialistes des sources de saint Dominique, qui présenteront leur dernier ouvrage dans la salle Clémence-Isaure le 28 mai prochain. La seconde nous informe de visites, conférences et célébrations qui se tiendront à Notre Dame la Daurade les 6-7 et 8 décembre.

Émilie Nadal nous informe d’un nouveau courrier du conservateur du Musée Fenaille à Rodez sollicitant la mise en dépôt de nos statues-menhirs dans son établissement. Louis Peyrusse pense qu’en effet ces pièces auraient plus de sens dans la collection du Musée Fenaille. Pierre Garrigou Grandchamp considère au contraire qu’elles ont avant tout un sens dans l’histoire de notre Société. De façon à accorder les deux parties, Maurice Scellès conseille de proposer au Musée Fenaille de venir faire des moulages de nos statues-menhirs. Bernard Pousthomis demande s’il n’est pas possible d’établir un contrat de dépôt reconductible tous les deux ans. Nicole Andrieu rappelle qu’il peut y avoir de nombreuses clauses dans un contrat de dépôt, par exemple l’obligation d’exposition. En évoquant le cas des pièces déposées il y a quelques années au Musée Paul-Dupuy, considérées depuis par l’institution comme un don de la Société, Maurice Scellès se déclare défavorable à cette solution ; par ailleurs, ces statues-menhirs, comme les autres œuvres conservées dans nos locaux, contribuent à faire connaître notre Société. Daniel Cazes ajoute que si l’on commence à mettre en dépôt quelques-unes de nos œuvres, les autres suivront tôt ou tard le même chemin. Il rappelle que le chanoine Hermet avait laissé ces statues-menhirs à la Société pour qu’elle en prenne soin : il lui paraît donc important de respecter sa mémoire. Pierre Garrigou Grandchamp propose de faire un catalogue des objets que nous conservons, et de le rendre disponible en ligne sur notre site Internet. La Présidente conclut que l’intérêt de notre Société, en termes de prestige, est donc de conserver les statues-menhirs dans nos locaux, en veillant cependant à ce qu’elles restent accessibles à tous. Elle ajoute enfin que ce n’est pas forcément une bonne idée que de conserver toutes les statues au même endroit. La Société proposera donc au Musée Fenaille de faire réaliser des moulages.

Émilie Nadal cède la parole au Secrétaire général et à la Secrétaire-adjointe pour la lecture des procès-verbaux des deux dernières séances, qui sont adoptés. Puis elle fait circuler deux volumes des Cahiers de Fanjeaux parus dernièrement (n° 52, L’église et la chair XIIe- XVe s. et n° 54, L’église et la violence Xe-XIIIe s.), apportés par notre consœur Michelle Fournié pour notre bibliothèque.

La Présidente invite ensuite Bruno Tollon et Dominique Watin-Grandchamp à nous présenter la communication de la séance d’aujourd’hui : Ferrals (Aude) : entre « maison de plaisance » et château fortifié, une réalisation exceptionnelle du trésorier général des guerres de Charles IX (1564-1575)  :

« Pourquoi reprendre l’étude du château de Ferrals après les articles d’Henri Mullot (1896) et d’Yves Bruand (1973) ?
Ce chantier exceptionnel est lancé en 1564 par François Rougier de Malras, trésorier général des guerres, qui avait toute la confiance du roi Charles IX et de la reine-mère, Catherine de Médicis. Bien des aspects restaient dans l’ombre faute des sources suffisantes.
Le hasard a joué. Le domaine a été récemment acheté par un passionné d’architecture qui a procédé immédiatement à d’importants travaux de réhabilitation. Et, dans le même temps, il a obtenu le dépôt d’archives familiales aux Archives départementales de l’Isère et fait procéder à leur classement. Les découvertes n’ont pas manqué. Il est désormais possible d’apporter un éclairage complémentaire sur ce grand chantier du « château neuf ». On retiendra les pistes principales. La carrière et le réseau politique du trésorier général ; un château mieux compris, qui entre dans la catégorie du « palazzo in fortezza » à la française ; enfin un éclairage neuf sur la culture architecturale du maître d’ouvrage. Autant de sujets dignes d’attention. »

Émilie Nadal remercie les deux conférenciers pour la présentation de ce beau château et demande où se trouvaient les livres dont il a été question. Bruno Tollon répond que la plus grande partie se trouvait dans des coffres placés dans la chambre du maître des lieux, alors que les livres les plus importants avaient été rangés dans une armoire où se trouvait également une carte d’Europe. Dominique Watin-Grandchamp précise que cette bibliothèque était à l’état de vestiges. L’inventaire après décès qu’elle a pu consulter était celui du fils de Rougier, homme d’armes, peu intéressé par la collection d’ouvrages de son père qu’il a pu laisser s’éparpiller. Nicole Andrieu demande si les textes donnent des indications sur l’inachèvement de la façade du château. La conférencière confirme qu’elle a pu consulter les comptes de construction de l’édifice qui fournissent des détails sur les travaux conduits par Rougier lui-même. Ils indiquent qu’une première tranche a été menée assez rapidement, puis une seconde peu après, mais aucune information n’a pu être relevée sur l’arrêt des travaux. Olivier Testard pense que Rougier est également à l’origine de la conception des plans car la façade, maladroite, ne respecte pas les règles de proportion.

Au titre des questions diverses, Guy Ahlsell de Toulza rend compte des travaux de restauration des peintures de Notre-Dame du Bourg à Rabastens :

 

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« L’église Notre-Dame du Bourg de Rabastens a été restaurée sous la direction de César Daly entre 1855 et 1865. À cette occasion a été découvert un ensemble de peintures murales décorant l’ensemble de l’édifice, dont la restauration fut confiée à Joseph Engalière. Classée Monument historique en 1899, l’église est inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco au titre des Chemins de Saint-Jacques de Compostelle depuis 1998. Un siècle et demi après, une nouvelle campagne de travaux était nécessaire. Dès 2015 des études préalables sont lancées avec l’aide de la DRAC. L’enveloppe globale est d’environ 4,5 millions d’euros pour un chantier qui doit durer de 5 à 7 ans.
La première campagne s’est déroulée durant le second semestre de 2019. L’urgence était la réfection de la toiture de la sacristie dont le mauvais état entraînait des infiltrations dans le second contrefort nord du chœur, endommageant les peintures des chapelles Saint-Martin et Saint-Jacques. Des échafaudages ont été montés dans ces deux chapelles afin de consolider les peintures dans l’attente d’une future tranche de restauration. L’observation a permis de confirmer qu’une grande partie des peintures datait bien du deuxième quart du XIVe siècle, avec des têtes remarquablement conservées. Les analyses faites par le laboratoire des Monuments historiques ont montré l’utilisation de lapis lazuli, de blanc de plomb avec un liant organique à l’huile permettant de les différencier des restaurations du XIXe siècle.
Des plaques d’enduit peint s’étant détachées d’un voûtain de la quatrième travée, une consolidation était nécessaire et un échafaudage a été monté. Outre les consolidations des enduits et d’une ogive fragilisée, il a permis un nettoyage des voûtains. À cette occasion on a pu constater que l’enduit était bien médiéval et qu’il avait reçu d’abord un décor d’étoiles à huit branches, puis au XVIe siècle un faux appareillage de pierre. Une nouvelle campagne est prévue pour 2020. »

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